Les douleurs intestinales et la présence de sang dans les selles sont des symptômes qui suscitent rapidement de l’inquiétude. Ils sont pourtant fréquents en pratique médicale et ne correspondent pas toujours à une maladie grave. Cet article propose des repères simples pour mieux comprendre ces symptômes, distinguer les situations généralement rassurantes de celles qui demandent davantage de vigilance et rappeler le rôle du médecin traitant dans leur évaluation.
Les douleurs intestinales sont souvent bénignes mais doivent être surveillées
Les douleurs intestinales font partie des symptômes les plus fréquents en consultation médicale. Dans de nombreux cas, elles sont liées à des causes fonctionnelles ou à des habitudes de vie et ne correspondent pas à une maladie grave. Une alimentation trop riche en graisses, en épices ou en fibres peut irriter le tube digestif et provoquer des crampes ou une sensation de lourdeur après les repas. Les gaz et les ballonnements liés à une digestion lente ou à des repas pris trop rapidement peuvent également être à l’origine d’inconfort. Un intestin sensible peut aussi réagir au stress, à la fatigue ou aux changements de rythme de vie, avec des douleurs qui apparaissent surtout dans les périodes de tension.
Certains éléments sont plutôt rassurants pour le médecin. Les douleurs qui varient selon les moments de la journée, qui sont connues de longue date et qui se calment après la digestion ou après être allé à la selle orientent souvent vers un trouble fonctionnel digestif. Lorsque l’appétit reste conservé, que le poids est stable et que l’état général est bon, le contexte est en général moins inquiétant. Cela n’empêche pas l’inconfort d’être réel, mais cela signifie le plus souvent que la situation ne relève pas d’une urgence.
D’autres signes justifient en revanche davantage de vigilance. Une douleur qui persiste plusieurs semaines, qui s’intensifie progressivement ou qui finit par gêner la vie quotidienne doit amener à consulter. Il en va de même lorsqu’apparaissent en plus d’autres manifestations comme une fatigue inhabituelle, de la fièvre, un amaigrissement involontaire ou la présence de sang dans les selles. Ce type d’association n’implique pas forcément une maladie grave, mais il demande une évaluation médicale afin de comprendre l’origine des symptômes et de proposer si besoin des examens complémentaires.
Du sang dans les selles, ce n’est jamais anodin
La présence de sang dans les selles n’est jamais considéré comme banal, car il traduit un saignement quelque part sur le trajet digestif. Pour autant, il n’annonce pas systématiquement une maladie grave. Dans de nombreuses situations, il s’explique par des causes bénignes et fréquentes. C’est le cas des hémorroïdes qui peuvent saigner au moment de la défécation et laisser des traces de sang rouge vif dans la cuvette ou sur le papier. Les fissures anales sont également une cause courante de petits saignements, souvent associés à une douleur vive au passage des selles. D’autres irritations locales, liées par exemple à une constipation avec efforts répétés, peuvent aussi provoquer un saignement ponctuel.
Même lorsqu’une cause bénigne est suspectée, ce signe mérite d’être mentionné à un médecin, en particulier s’il se répète ou s’il s’accompagne d’autres symptômes comme des douleurs abdominales, un changement récent du transit, une fatigue importante ou une perte de poids involontaire. L’objectif est de vérifier qu’il n’existe pas une autre cause plus profonde au niveau du rectum ou du côlon et de décider si un bilan complémentaire est nécessaire.
Dans certains cas, le saignement peut en effet être lié à des polypes du côlon ou du rectum, qui sont de petites excroissances situées sur la paroi intérieure de l’intestin. Ces polypes ne sont pas tous dangereux, mais certains d’entre eux peuvent évoluer avec le temps et justifient une surveillance ou un retrait.
Quand consulter et quels examens envisager ?
Certains signes doivent amener à prendre rendez-vous avec un médecin sans trop attendre. C’est le cas de douleurs abdominales qui persistent dans le temps, qui reviennent régulièrement ou qui deviennent plus intenses. Les saignements répétés au niveau des selles ou sur le papier toilette doivent également être signalés, même s’ils sont peu abondants. Un changement récent du transit avec apparition d’une constipation inhabituelle, de diarrhées prolongées ou d’une alternance entre les deux mérite aussi une évaluation médicale, surtout si cela ne correspond pas aux habitudes de la personne. Enfin, une fatigue persistante, un manque d’énergie ou une perte de poids involontaire sont des éléments qui complètent ce tableau et justifient une consultation.
Le médecin traitant est le premier interlocuteur dans cette situation. Lors de la consultation, il prend le temps de revenir sur les symptômes, leur ancienneté, leur fréquence, les facteurs qui les aggravent ou les soulagent et les éventuels antécédents personnels ou familiaux. Il réalise ensuite un examen clinique pour rechercher des signes associés. En fonction de ce qu’il observe, il peut proposer des examens simples comme une prise de sang ou une analyse des selles afin de vérifier la présence d’une inflammation, d’une anémie ou d’autres anomalies biologiques.
Si les symptômes ou les résultats des premiers examens le justifient, le médecin peut orienter vers un spécialiste pour la réalisation d’une coloscopie. Cet examen se déroule le plus souvent sous courte anesthésie et permet de visualiser l’intérieur du côlon et du rectum à l’aide d’un tube souple muni d’une petite caméra. Il offre la possibilité de repérer d’éventuelles lésions, de retirer des polypes lorsque cela est possible et de réaliser des prélèvements pour analyse. Cette démarche permet de mieux comprendre l’origine des symptômes et d’adapter ensuite la prise en charge.
Les douleurs intestinales et les saignements au niveau des selles ne sont pas synonymes d’une pathologie grave, mais ils ne doivent jamais être ignorés. Dans de nombreux cas, ils restent liés à des troubles fonctionnels ou à des lésions bénignes et une prise en charge adaptée permet d’améliorer le confort au quotidien. En revanche, des douleurs qui se prolongent, des saignements répétés, un changement de transit ou une fatigue inhabituelle justifient une consultation afin de préciser l’origine des symptômes et de décider des examens utiles. Parler de ces manifestations à son médecin reste la meilleure façon d’obtenir des informations fiables, de réduire l’angoisse et, lorsque cela est nécessaire, de mettre en place un suivi approprié.

